
Par Frédéric Seront PourCiné-Télé-Revue
Qu’est-ce qui vous a séduite dans le personnage de cette femme de 92 ans arrivée au crépuscule de sa vie?
Quand j’ai accepté de faire le film, je ne savais pas que Dany jouerait dedans. C’est vraiment le personnage de Madeleine qui m’a séduite. Jamais je n’ai eu un rôle aussi beau. J’ai l’âge du personnage. Et en plus, j’ai encore la forme physique pour jouer dans un film.
Madeleine revient sur les lieux qui ont marqué son existence. De votre côté, quels endroits aimeriez-vous revoir?
Il y en a beaucoup. J’aimerais revoir le Casino de Paris, où j’ai passé presque dix ans de ma vie. J’adorerais revoir les répétitions, car ce qui est extraordinaire, c’est comment on construit une revue. C’est beaucoup de travail. Et comme j’adore travailler, je me régalais à répéter toutes mes revues.
Madeleine a connu des moments difficiles, elle a été battue par son mari, et a mené des combats féministes. C’est un sacré bout de femme!
Dans le film, on découvre tout ça dans des flash-back. Je n’ai pas connu le drame d’être une femme battue. Mais ça existe encore beaucoup trop. C’est très grave. Ma grand-mère a connu ça. Quant à mon arrière-grand-mère, ça commençait dès l’école. Elle était dans un établissement catholique où, dès qu’il y avait une faute, on la mettait sur son dos. On la prenait comme exemple. Les bonnes sœurs prenaient sa tête, la mettaient sous la pompe à eau froide glacée, et c’est comme ça qu’on la punissait. C’était une vie horrible. C’était systématiquement sur elle que ça tombait, car elle n’avait rien à offrir aux bonnes sœurs, là où d’autres, qui étaient enfants de fermiers, leur apportaient un lapin, un poulet. Elle m’en parlait en allant se coucher. Je demandais à mon arrière-grand-mère de me raconter sa vie, encore et encore, parce que ça me préparait à ne pas être faible.
Ce film scelle vos retrouvailles à l’écran, après «Bienvenue chez les Ch’tis» et «La Ch’tite famille», avec Dany Boon… Comment décririez-vous vos relations?
Je dirais que ce sont des relations filiales. Avec Dany, j’ai l’impression de jouer avec mon fils. Quand on interprète des scènes, on improvise parfois, ce qu’a adoré le metteur en scène, qui a trouvé ça fabuleux. On crée des moments entre nous sans s’en apercevoir. Et je n’avais jamais vu Dany dans un tel rôle, aussi sobre. J’ai parfois les larmes aux yeux par la façon dont il joue. Il est excellent.
A 95 ans, vous vous battez plus que jamais pour la légalisation de l’euthanasie en France…
Aujourd’hui, on peut choisir sa façon de vivre, mais on ne peut pas choisir sa façon de mourir. Mourir dans la dignité, ne serait-ce pas normal? Si notre vie nous appartient, il doit en être de même pour notre mort. C’est inhumain de laisser mourir les gens comme ça, de les laisser souffrir. J’ai vu ma mère et ma grand-mère mourir dans d’atroces souffrances, sans rien pouvoir faire, et je ne veux pas passer par ça.
«Une belle course», 7 octobre, 20h20, la Une.